Les dessous lesbiens belges de la chanson française
Par Marian Lens
Le livre Les dessous lesbiens de la chanson est composé à quatre mains par la journaliste Léa Lootgieter et la chanteuse-compositrice Pauline Paris[i]. Les dessins de Julie Feydel[ii] illustrent chacun des quarante chapitres consacrés à une chanteuse.
Le livre est une compilation d’une grande richesse – une véritable mine d’or – de chants lesbiens, ou bisexuels parfois, si rarement ouvertement déclarés, principalement diffus. Il est publié auprès de la très expérimentée maison d’édition féministe et lesbienne iXe[iii].
D’un style très vivant, la recherche est établie au départ d’un texte révélateur que les chanteuses ont interprété, voire écrit aussi. Les analyses, récits et anecdotes sont ponctués d’entretiens de première source – auteures, interprètes ou proches de celles-ci – ou de témoignages très vivants, contemporains des protagonistes ou plus récents. Autant d’approches interprétatives ou révélatrices qui permettent une relecture éclairée des chansons, souvent célèbres, confirmant les ressentis ou décodages undergrounds faits des chants au moment de leur sortie.
Une très belle liste commentée des bars, boîtes de nuit, cabarets, clubs, music-halls et lieux lesbiens ou dits ‘interlopes’, complète le tableau d’un siècle parisien musical particulier.
Les dessous lesbiens de la chanson éclairent « une histoire longue d’un siècle, des années 1920 à nos jours ». En l’établissant, les auteures ont « d’abord voulu multiplier les aperçus sur le paysage de la chanson lesbienne, vaste et encore peu exploré de nos jours. {Et ainsi} permettre de le découvrir dans sa diversité, avec ses plages de tendresse et de mélancolie, ses zones d’ombre et de secret, ses labyrinthes où l’érotisme croise des désirs et des plaisirs déclinés au féminin pluriel. »
Ainsi que le précisent les éditions iXe pour le lancement du livre, « Selon les époques, l’homosexualité féminine fut tour à tour ou simultanément frappée d’opprobre, niée, invisibilisée. Mais clandestine ou pas, à mots couverts ou crus, cette réalité a trouvé pour se dire la voie de la chanson {…} de Suzy Solidor à Chris en passant par Barbara, Brigitte Fontaine, Marie Paule Belle, Juliette Armanet et bien d’autres encore. »
La préface est une véritable recherche introductive donnée par le tandem légendaire constitué par Catherine Gonnard et Elisabeth Lebovici[iv]. Elle parle de comment les chanteuses restituent « l’histoire et le destin de façon à la fois aiguë et attentionnée, {…} l’entre-femmes, les affects, les désirs, les plaisirs d’être ensemble avec la nostalgie de ces moments perdus. Elles le font parfois sous forme d’énigme, parfois en une déclaration tonitruante. Depuis que la chanson s’est installée au music-hall et au cabaret, il y a eu des textes et des chanteuses qui accompagnent chaque génération et qui nous parlent plus spécifiquement de nous et d’elles : de celles que nous aimons, de celles qui passent dans nos vies mais aussi de notre histoire commune à double sens et interdits multiples. » Plus loin, « on écrit ‘de la main gauche’, certes, ‘celle que l’on a toujours cachée’, mais pour sortir de ‘la ligne droite’ en chantant l’amour en liberté avec Messia et en revoyant pour la ixième fois Anne Trister, le film de Léa Pool ».
Et pour nous c’est aussi un tremplin vers une histoire qui dépasse les frontières. Nous avons voulu révéler le livre également sous l’angle des dessous belges encore restés peu révélés dans l’historiographie belge et internationale.
Est-ce un vraiment un hasard si la préface du livre et l’introduction de la version numérique commencent toutes deux par l’évocation de Gribouille et son Ostende, ode à une très belle histoire d’amour saphique vécue par l’auteure-interprète dans cette ville balnéaire belge mythique : “On n’a pas choisi ce drôle d’amour/ Qu’il te faut cacher, aux portes du jour”.
Au travers des hommes, aussi, homosexuels parfois
Les auteures rappellent bien qu’au «début du XXe siècle, les hommes avaient encore le monopole du métier de parolier et les femmes se contentaient d’interpréter les oeuvres créées par eux. »[v] A l’aube du droit de vote pour les femmes, les métiers de la création restaient une prérogative masculine.
À l’instar des hommes homosexuels, il y avait danger de révéler « un amour pour le même sexe ». Mais ce danger pour les femmes, assignées telles, est bien plus grand encore parce qu’il s’accompagne d’autres interdits, ceux réservés à ces sous-êtres sociaux « sous domination masculine ». Il leur était interdit ou impossible de composer, écrire, éditer, travailler, comme des êtres, des sujets, parmi les autres.
Un demi-siècle plus tard, en 1953, l’écrivaine Marguerite Yourcenar utilisera le procédé de l’autobiographie par procuration et dévoilera un peu ses « penchants » en publiant les Mémoires d’Hadrien, un empereur romain homosexuel. Une manière subtile de braver et contourner les interdits.
Ainsi Nicole Louvier va prêter avec beaucoup de courage un « vibrant hommage » à Louis de Bavière et ses amours homosexuelles. Mais elle osera aller plus loin encore en y affirmant le sien : « Le même amour nous a frappé ». Les auteures précisent donc que cet amour, « tout à la fois celui des arts et des personnes de même sexe, les place cependant au ban de la société. Au XIXe siècle, la réponse à ce comportement ‘déviant’ est bien souvent la prison ou l’asile. »[vi]
Passing – Le code d’un neutre lesbien comme une identité parfois floutée ‘au masculin’
De raison, Nicole Louvier est mise à l’honneur parce qu’elle « aime les femmes et ne s’en est jamais cachée ». Connue aussi comme écrivaine avec son livre Qui qu’en grogne[vii] qui « conte son histoire d’amour avec Gabrielle et dénonce la lesbophobie des passant.es qui les dévisagent {…de même} ses chansons contiennent maintes allusions aux amours saphiques, même si l’artiste sème parfois le doute en appelant son amante ‘mon p’tit copain’. »
Dans son article Femmes des sixties Léa Lootgieter interviewe Eve Pascal qui évoque le milieu lesbien des années 1950 et 1960, ainsi que les chansons et chanteuses lesbiennes d’alors[viii]. « Dans le show-biz, certaines stars étaient lesbiennes, mais c’était complètement caché, on n’en parlait pas. La seule qui a osé s’adresser directement aux lesbiennes, même à la radio, c’est Nicole Louvier {…}. C’était vraiment notre icône ! Elle chantait notre vie, nos malheurs et nos amours en poésie. Quand elle interprétait Mon p’tit copain perdu, on savait toutes qu’elle parlait d’une femme. Mais dans la plupart de ses textes, elle mettait tout au neutre, elle jouait avec l’ambiguïté. »
Cet art du louvoiement est celui pratiqué aussi par la chanteuse Mick Micheyl, dont des chansons ont été reprises par des célébrités de la chanson tel.le.s que Josephine Baker (bisexuelle) ou Yves Montand (hétérosexuel). Elle chantait pour un « public lesbien » qui « avait l’habitude de lire entre les lignes », « prenait tangente », « comme quelqu’un qui avait toujours appris à esquiver », « doucement je joue mon rôle »[ix].
Le livre décode à merveille cette loi de la double-vie, celle underground et interdite étant évoquée par sous-entendus.
Et contrairement à ce qui pourrait être réinterprété parfois actuellement, cela restait bien un neutre lesbien, même quand il était à connotation ‘masculine’ – « un copain » – parce qu’il était de l’ordre du ‘passing’, dans le sens de « se faire passer pour », une manoeuvre qui était et est toujours largement utilisée dans notre culture lesbienne underground ou pour protéger nos choix identitaires. N’est-ce pas ce que Mick Micheyl sous-entend aussi quand elle s’adresse en 1959 en direct à la caméra « “Vous. Vous qui passez, vous qui me regardez, vous qui m’écoutez. Vous êtes ma source, mon apport. »[x]
Ou serait-ce plutôt un lesbien neutre ‘non féminin’ ?
C’est une société hétérosociale aussi qui lit les « femmes » aussi mal quand elles sont fortes et autonomes, surtout quand elles ne cherchent pas à être ‘féminines’. Une société qui pour continuer à pouvoir les contrôler ne vise qu’à les enfermer dans des carcans, en rajoutant de nouveaux interdits ou stéréotypes aux normes existantes déjà bien strictes. L’allure de La garçonne, comme le rappelle en chantant Colette Mars en 1957.
S’agit-il vraiment d’une ‘masculinisation’. Ne serait-ce plutôt des êtres qui se vivent libres, avec une identité et des attirances spécifiques. En effet des ‘lesbiennes’ vont parvenir à détecter et reconnaître le décalage identitaire de celles qui sont « autres », comme elles. Le plaisir de la découverte ou de la confirmation, « c’en est bien une ». Des gestes libres et des vêtements qui défient l’entrave, qui sont lus socialement ‘au masculin’, et qui devraient être neutralisés plutôt, comme appartenant à qui que ce soit.
Cette nouvelle liberté, elles le dévoilent à petites touches, elles le chantent, elles le scandent. Et elles le montrent aussi : « leur façon de se tenir, de chanter, leur manière souvent empruntée et gauche de porter certains vêtements dénoncent une autre liberté du corps, les gestes soudain brusques ne ‘collent’ pas avec la féminité attendue. »[xi]
Bisexuelles… tout un chapitre entre ‘passing’ et conventions hétérosociales, ou tout simplement un choix parmi d’autres ?
A la fois une réalité par choix ou pression hétérosociale, la bisexualité qui est de vivre dans sa trajectoire personnelle des relations avec les personnes « des deux sexes », est majoritaire des relations humaines, les rapports des sexologues et sociologues Mc Kinsey et Shere Hite le démontrent depuis longtemps.
Le livre regorge donc de ces chanteuses, qui évoluent entre un semi-placard bisexuel et/ou une identité ‘lesbienne’ semi-cachée. Et la majorité des « femmes qui aiment les femmes » que connaît plutôt le grand public, sont celles qui optent plus ou moins ouvertement pour des relations avec les deux sexes.
Les chanteuses ou celles qui les ont honorées, telles que Marlène Dietrich, Joséphine Baker, Barbara, Tamara de Lempicka, Suzy Solidor, ou Françoise Mallet-Joris, sont évoquées au détour d’un récit ou d’une anecdote tout au long du livre, ou présentées dans une des quatre rubriques, qui leur est d’ailleurs consacrée.
Mais se dire ‘bisexuelle’ peut aussi être une manière de se camoufler, quand Catherine Lara clame avec Autonome :“Longtemps j’ai caché mes cartes sous la table », « “Libre d’aimer une femme ou un homme ». Elle se préférera le vocable identitaire plus diffus de « homosensuelle »[xii].
Des dessous lesbiens bien belges aussi – Bruxelles comme tremplin éditorial ou artistique
Aux côtés de Léa Lootgieter et Pauline Paris, nous avons Julie Feydel, qui est diplômée de l’École de recherche graphique de… Bruxelles. Les écoles graphiques et artistiques belges sont réputées, et drainent un public bien international, et beaucoup viennent de France pour y poursuivre leurs études.
Beaucoup d’artistes du monde de la chanson ont évolué en Belgique aussi et à Bruxelles en particulier. Nous en révélons quelques facettes grâce à ce livre si inspirant.
En matière de publication d’écrits licencieux ou politiques interdits sur des territoires étrangers, Bruxelles tient depuis longtemps une place de choix. C’est à Bruxelles que le poète Verlaine publiera sous un pseudonyme dans la fin des années 1860 plusieurs poèmes, notamment saphiques comme Les amies[xiii].
La chanteuse Susy Solidor, qui tient une position phare dans le livre, fera éditer en 1944 son autobiographie La Vie commence au large à Bruxelles aux Editions du Sablon[xiv].
Quant à la magnifique Barbara, c’est à Bruxelles qu’elle se marie, vit[xv] et se lance comme chanteuse
A l’aube de mai 1968, les amours des chanteuses Gribouille et Marie-Thérèse Orain sur les plages d’Ostende
La librairie lesbienne Artemys annonce dans son programme littéraire automnal de 2001, la rencontre littéraire qu’elle organise avec Marie-Thérèse Orain à Etterbeek :
« Marie-Thérèse Orain vient nous présenter le livre qu’elle vient de publier sur Gribouille Je vais mourir demain, avec l’intégrale des textes de Gribouille.
Figure légendaire des sixties françaises, Gribouille disparaît à 26 ans, en janvier 1968, après une carrière fulgurante de cinq années. Elle laissera des chansons cultes telles que Mathias ou Ostende, véritable chant d’amour pour l’auteure. Un ensemble d’écrits d’une force extraordinaire, d’une très belle poésie, beaucoup de tendresse, mais aussi de désespoir, ‘ le désespoir sous sa forme la plus séduisante’ (Françoise Mallet-Joris).»[xvi]
Dans Les dessous lesbiens de la chanson, les auteures expliquent avec précision le contexte de l’époque de la chanteuse Gribouille. « Le thème des amours interdites est récurrent dans la chanson française, que ce soit dans le cadre de relations adultères ou entre deux amants de classes sociales, de religions ou d’âges différents. Pour les lesbiennes, il a une pertinence d’autant plus poignante que même si l’homosexualité féminine n’a jamais été pénalisée par la loi française à l’inverse de l’homosexualité masculine, elle a bel et bien été réprimée de façon détournée. Bien des garçonnes et autres ‘jules’ ont été arrêtées à la sortie des cabarets lesbiens pour travestissement ou internées de force en hôpital psychiatrique, ainsi que le rappelle Maman a tort (1984) de Mylène Farmer. Aussi les passions saphiques se disent-elles souvent à demi-mot, comme dans La chaîne (1911) de Damia ou dans Ostende (1968) de Gribouille. »[xvii]
Liens intimes et collaborations artistiques entre femmes – Marie Paule Belle & Françoise Mallet-Joris
Ce n’est rien moins que Françoise Mallet-Joris qui écrira la préface de la biographie de Marie-Thérèse Orain sur Gribouille. Grâce aux auteures des Dessous lesbiens de la chanson, nous en apprenons les raisons particulièrement romantiques : « La relation amoureuse de Françoise Mallet-Joris et de Marie Paule Belle s’est nouée à Paris en 1970, année où la chanteuse se produit au cabaret L’Écluse, dans le programme de Marie-Thérèse Orain qui y passe en vedette. »[xviii]
Marie-Paule confie aux auteures : “Notre histoire, que tout le monde connaissait même si on ne la nommait pas, a été un modèle pour les femmes homosexuelles, comme celle de Jean Cocteau et de Jean Marais pour les gays. {…} À l’époque on entendait dire que c’était une maladie, une perversion. On a essayé de prouver le contraire simplement, en vivant naturellement notre histoire d’amour qui était très belle et très simple. »
Les créatrices du monde de la chanson entretenaient un entre-femmes très professionnel aussi. Comme le précisent les auteures, Françoise a écrit « près des deux tiers des chansons de Marie Paule (166 sur 250 !), et a continué d’être sa parolière même après leur séparation. ». Plus loin dans le livre, l’on apprend que la chanteuse-compositrice Catherine Lara écrivait principalement pour d’autres femmes, dont deux chansons pour Barbara.
Et en Belgique, si difficile, une véritable chape de plomb entourait Sœur Sourire
En Belgique et dans le monde, c’est une nonnette, « Soeur Sourire », qui lance un nouveau phénomène planétaire dans le monde de la chanson, en faisant de la chanson Dominique nique le premier ‘tube’ mondial.
Quand la compositrice , sous son vrai nom Jeannine Deckers, quitte les ordres religieux quelques années après seulement, en ce milieu des années 1960, elle crée un scandale. Celui-ci sera très vite enfoui sous une véritable chape de Plomb qui pèse sur tout ce qui pouvait être « différent » dans la si conservatrice Belgique catholique.
En 1985, son suicide avec Annie Pécher crée une onde de choc, révélant au grand public belge leur relation amoureuse. Mais bien plus encore le véritable scandale qui a poussé Jeannine Deckers à commettre cet acte : l’ampleur de la manipulation et de la spoliation qu’elle a subies par le couvent de Fichermont et la maison de production de disques Philips, qui seuls avaient empoché l’intégralité des bénéfices de la chanson Dominique nique si célèbre mondialement.
Elle sera harcelée sans relâche par un fisc complaisant avec celles et ceux qui l’avaient pourtant abusée, pour lui faire payer les impôts des millions de disques vendus, alors qu’elle ne commencera à toucher des droits d’auteurs qu’à la fin de sa vie, après d’âpres combats juridiques, encore en cours à sa mort.
Son décès dévoilera l’existence d’un journal où pour la première fois se liront avec certitude son homosexualité, bien que souvent encore niée, jusque dans des biopics récemment diffusés.
Elle ne s’est jamais assumée publiquement comme homosexuelle. Comme la plupart des homosexuel/le/s d’ailleurs, qui vivaient alors caché/e/s, ou avaient du mal à se définir comme tel/le/s. Nous étions peu à savoir dans le milieu qu’elle était cependant « en recherche identitaire » vers l’homosexualité, mais qu’elle n’était pas à l’aise avec cela.
Etre lesbienne ou homosexuel/le, c’était pour la religion catholique dominante « honteux », pour les sciences diverses « contre-nature », en psychologie et en psychiatrie considéré comme « anormal », et sur le plan social « amoral ».
La revanche – Sous les feux de la rampe – lancement des dessous lesbiens de la chanson en Belgique
C’est Sœur Sourire qui sera le lien entre les auteures, Léa Lootgieter et Pauline Paris, et moi-même, par l’entremise de Carole Vidal, qui suggère de me contacter pour le chapitre sur Sœur Sourire. Carole est responsable des Archives Recherches et Cultures Lesbienne à Paris, et à la lecture de tout ce qui aura été révélé depuis la mort de Jeannine Deckers, décrypte un extrait de sa chanson « “Sur la route de ma vie/ J’ai arrêté mes pas/ Tout au fond de mon coeur/ Quelqu’un attendait-là. » comme une référence de celle-ci à la « joie » de sa vie, Annie Pécher.
Tout un symbole. Le livre ne pouvait dès lors qu’être lancé en Belgique par une organisation profilée lesbienne L-Tour[xix] ; ainsi que par et dans un café-bar-concert moderne lesbien et GBTI+, Le Crazy Circle[xx]. Le cadre de l’événement choisi sera de fil en aiguille celui destiné au milieu LGBTI+, ainsi qu’à un très large public, tel que finalement les chanteuses l’auraient aimé, celui du PrideFestival (concept culturel et événementiel lancé par la RainbowHouse de Bruxelles).
Cet article est le premier publié en Belgique sur cette merveilleuse recherche réalisée par la chercheuse Léa Lootgieter et la chanteuse-compositrice Pauline Paris. Dans la revue du Fonds Suzan Daniel, tout aussi symbolique pour mettre notre herstory et histoire sous la lumière.
Les chanteuses citées en dévoilant leurs amours lesbiennes et bisexuelles et plurielles, pour les femmes, même si elle le faisaient souvent encore de manière codée ou en sourdine, ont réellement ouvert de nombreuses voies et possibilités. Nous ne pouvons que les honorer et leur en rendre hommage d’une aussi belle façon.
Le livre Les dessous lesbiens de la chanson est une véritable célébration des voix lesbiennes qui chantent la résistance, la passion, et les victoires amoureuses qui ont si bien bravé les interdits d’un entre-femmes si doux.
Les chants d’amour sont comme des poèmes. Dans son journal intime, au mois de mai 1970, Jeannine Deckers – alias ‘Sœur Sourire’ – adresse avec Renaissance un poème d’amour à Annie : « tu as mis l’amour sous mes pas {…} le bonheur {…}, {Ma vie} ton amour y a mis des fleurs, {…} ton feu en moi a mis le bonheur. »[xxi]
Marian Lens, sociologue, novembre 2020
- Le concept ‘Interlope’ “dit la clandestinité, le secret, la transgression. Ceux d’une culture homosexuelle underground qui dans le Paris de l’entre-deux-guerres, s’exprime notamment sur la scène de bals et de cabarets »
Références à reprendre pour citer l’article : LENS, Marian : Les dessous lesbiens belges de la chanson française, dans : Het ondraaglijk besef / La notion insupportable (Fonds Suzan Daniel), n°26, december/décembre 2020, pp.12-15.
(Mise en ligne avec le soutien d’Equal.Brussels – Egalité des Chances pour la Région de Bruxelles Capitale)
[i] Les dessous lesbiens de la chanson, Editions iXe, 2019. Léa Lootgieter a notamment cofondé la revue lesbienne Well Well Well, été vice-présidente de SOS Homophobie et coprésidente de l’Association des journalistes LGBT. Pauline Paris est une chanteuse-compositrice qui se place dans la lignée de la nouvelle chanson française. Elle puise son inspiration dans la folk, le jazz, le rock, le blues et la bossa-nova.
[ii] Julie Feydel, illustratrice, graphiste et photographe indépendante, collabore avec de nombreuses revues et publications.
[iii] La maison d’édition iXe (https://www.editions-ixe.fr/) poursuit la lancée de la collection Bibliothèque du féminisme (1991-2009) des éditions Harmattan, en se spécialisant depuis 2010 sur les études féministes, de genre et sur la sexuation.
[iv] Catherine Gonnard est un pilier du milieu lesbien, homosexuel et queer en France. Ses recherches approfondies sont régulièrement publiées sous forme d’articles ou de livres. Elle a notamment été rédactrice en chef de Lesbia Magazine de 1989 à 1995. Elisabeth Lebovici est historienne et critique d’art, et couvre en particulier les études de genre, les politiques queer, l’activisme LGBT et les arts contemporains.
[v] Introduction à la troisième rubrique. p.104.
[vi] Extraits p. 52.
[vii] Ce livre publié à La Table Ronde était encore disponible en 1985 et vendu par la librairie lesbienne Artemys à Bruxelles, qui fera redécouvrir cette auteure lesbienne en Belgique.
[viii] Lootgieter Léa, Femmes des sixties. Dans : Well Well Well, – la revue lesbienne, (2014)1, p. 94.
[ix] Extraits pp.82,83.
[x] Extrait p. 82. Merci à Léa et à Pauline de donner avec ce livre une telle source d’inspiration et de nous permettre grâce à cette compilation multiforme de nouvelles possibilités de décoder ce qui est très probablement ou assurément écrit ou dit entre les lignes.
[xi] Préface.
[xii] Extrait p. 101.
[xiii] Les amies, publié par Verlaine sous le pseudonyme de Pablo de Herlagnez en décembre 1867, chez l’éditeur bruxellois Auguste Poulet-Malassis, connu pour publier des écrits alors considérés comme licencieux, comme Les Fleurs du mal de Baudelaire. (https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Amies ; dernière modification le 19 avril 2013).
[xiv] Susy Solidor, La Vie commence au large. Bruxelles-Paris, Editions du Sablon, 1944. Repris dans Carbonel Marie-Hélène, Susy Solidor : Une vie d’amours. Gémenos, Editions Autres Temps, 2007, p.20, note 41.
[xv] Rue de la Madeleine.
[xvi] Publicité pour la soirée organisée par Artemys le samedi 22 septembre 2001 au Centre Culturel d’Etterbeek. Référence du livre : Orain Marie-Thérèse, Gribouille : Je vais mourir demain. Paris, Christian Pirot, 2001.
[xvii] Extrait p.62.
[xviii] Extrait p.90. Voir aussi sur cet aspect : Lens Marian, Françoise Mallet-Joris (1930-2016). Dans : Het ondraaglijk besef – La notion insupportable (Fonds Suzan Daniel), (2016)22, december/décembre, pp 9-12. Elles vivront ensemble onze ans, et continueront une relation d’estime jusqu’au décès de Françoise Mallet-Joris.
[xix] L-Tour, https://www.l-tour.be/archives/ (19 septembre 2020)
[xx] Ixelles, 19 septembre 2020.
[xxi] Everaert Henry, Sœur Sourire : Une voix sans visage. Journal, Bruxelles, Didier Hatier, 1988, p.79.